dimanche 1 juillet 2007

On a retrouvé DB !

Malgré moultes tentatives pour glisser entre les pattes de notre Noble Figure, nous l'avons enfin retrouvé: Daniel Boucher est à Petite-Vallée!!!

Billets d'[Evelyne Côté]

Evelyne Cote / (V.O.),
28 juin 2007, 13:32 ,

Petite-Vallée part en grand

Si le Village en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie, ne fait pas autant de bruit que les festivals d'été qui bombardent nos buildings, c’est évidemment la faute à la distance. Mais c’est pourtant cette distance qui le sert si bien.



S’y rendre, c’est tout d’abord un road trip en excellente compagnie, des siestes ponctuées de fous rires égarés, de snacks pas santé et de Wet Ones sur le pouce, efficacité oblige. Les dix heures de route fatiguent un peu, mais quand le chemin se négocie plus serré et que les rives s’escarpent, on commence à comprendre que l’endroit où on sera niché pour les jours à suivre n’est pas de la petite bière (plus sur ladite bière à venir…).

Plaisant jusqu’à en être fraternel, le festival qui honore les chansonniers de chez- nous en plombant sur le fleuve, à une heure environ de Gaspé, est un charme total. Âgé de 25 ans déjà, il montre la maturité exaltée d’un passage adulte tout récent. Les résidents de l'endroit, comme les participants, s’y préparent de bon cœur, comme avant une grand-noce qui s’étendrait sur plusieurs jours, comme «dans le temps». C'est dit sans une once de condescendance.

Parce qu’à Petite et Grande-Vallée, les cellulaires n’entrent pas. Pour personne.

De là, la communication telle qu’on la connaît en ville («si je te trouve pas, je te texte») devient obsolète, ridicule même. Bon d'accord, les walkies-talkies sont rois, mais le bouche-à-oreille prévaut. On retrouve son monde au détour d’une guédille, on en rencontre d’autres parce qu’on manque finalement son rendez-vous, on échange des horaires pour les changer ensuite selon notre humeur et le mouvement de foule.

Une constante reste: chacun travaille à ce qu’il aime. La liberté totale de vaquer à ce qui nous plaît, sans la crainte de manquer quoi que ce soit. Ben rare qu'on profite de ça à Montréal...



Ici, la communauté du village côtoie celle des médias, les artistes au centre. La chaleureuse caissière de l’épicerie fume à deux pas de Daniel Boucher, parrain de l’événement, à l’entracte, et du moment qu’on ne se laisse pas distraire par la superbe mer bleu-gris qui fait le bonheur des fous de bassan, on croise au passage Luce Dufault, Luc de la Rochelière, Michel Rivard, Richard et Marie-Claire Séguin, Louise Forestier, Daniel Lavoie, Pierre Flynn et Edgar Bori, tous associés de près ou de très près à l’événement. Soit comme jury, soit comme artistes-formateurs invités, qui aident les jeunes compositeurs à charpenter leurs créations avant les prestations du soir.

Plus là-dessus suite à une visite d’atelier avec Marie-Claire Séguin!

crédits photo Alain Lauzier






Evelyne Cote / (V.O.),
28 juin 2007, 18:51,


À la petite école

Mi-concours mi-rite de passage, le festival de Petite-Vallée donne tout son sens à l’expression «work in progress». Oui, on vient ici pour se faire un nom (Daniel Boucher, Isabelle Boulay, Dumas, Vincent Vallières, Matthieu Beaumont de Tricot machine, gagnants ou non), mais on y vient surtout pour faire des chansons.
Avant les shows de 20 h, dès le matin, les artistes en lice se rassemblent pour écrire, composer, jammer. L’après-midi, ils reprennent l’exercice en groupe, accompagnés de leur prof pour l’occasion. Et pas n’importe lesquels!

Séguin, Lavoie et Forestier supervisent et conseillent les cinq artistes-collaborateurs (baptisés ainsi car ils bénéficient d’une collaboration à l’une ou l’autre des étapes de la création, des arrangements aux paroles) et autant d’auteurs-compositeurs-interprètes, alors que Flynn et Bori portent main et oreilles fortes aux trois paroliers et trois compositeurs jumelés, en parallèle.

Petit topo du processus: deux soirs de demi-finales pour artistes-collaborateurs, dans un premier temps, et auteurs-compositeurs-interprètes, dans un deuxième, déterminent les finalistes, puis gagnants dans chaque catégorie.

Mais le beau de l’histoire, c’est que les non-élus doivent reprendre du poil de la bête et composer ensuite avec les trois paroliers et compositeurs. Impossible de perdre. Plate, facile? Si le concept «tout le monde est gagnant, gnagna» peut sembler soupe au lait ou mollasse dans certaines circonstances, on évite ici l’écueil sans frime ni détours. Le moyen prime autant que la fin, arriver à la chanson ultime est le but commun.

Dans les ateliers de jour, la bonne humeur, la bonne foi règnent. On est allé catimini rendre visite à Marie-Claire Séguin, de l’aveu de tous la mère-poule suprême et dévouée, au lendemain du spectacle des artistes-collaborateurs de la veille. Visages connus, rapprochés. Étaient donc présents toute la cuvée:

Oparleur




Kathia Rock





Dave Richard





Darling A





Alecka, la révélation de la soirée





Pas de regards obliques ni de remontrances plates, chacun est ici pour reprendre leur labeur éprouvé hier. «J’ai ta toune dans la tête depuis ce matin!», lance la sulfureuse voix de Darling A à la petite vedette rauque qui a closé le show. À ce point-ci, on attend toujours que le verdict tombe, par contre…


On ne se rend pas toujours bien compte à quel point la performance scénique est un acte compartimenté. Oui, il prend forme, pour le spectateur, d’un coup. Mais du grattage de guitare aux arrangements, des paroles au chant, du refrain à la scène, tout un espace doit être comblé. Les ateliers de Marie-Claire sont définitivement axés là-dessus. «Avec Marie-Claire, on fait des exercices de vocalises, de corps, tout ça. Tu te laisses aller sans juger», dit Alecka, la Libano-québécoise tributaire de Chao et de Leloup, qui «a le cœur d’Allah et le foie de St-Pierre».

On s’y lâche lousse, même en trimant dur. Certains sont plus timides, hésitent à prendre la place sonore et physique qui leur revient. Façon d’affronter des démons. Pas le cas d’Alecka, qui reconnaît toutefois: «La musique m’habite beaucoup, simplement. J’ai presque le syndrôme de l’imposteur; je suis pas la fille qui connaît tout de la musique. C’est plus instinctif». De l’importance de raffiner le talent brut. «Gagner ici, c’est pas mon but. C’est une expérience de vie. Tout ce que je veut, c’est être fière de moi. Écoute, ça fait deux jours qu’on est ensemble et on tellement tricotés serrés! On est juste bien, ici.»

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